Mylène Bélair :
déterminée à avancer
Par Mélanie Roy
Photo par Joannie Lafrenière
Après y avoir accueilli pendant 16 ans sa fidèle clientèle, la fondatrice de la griffe MYLENEB a récemment fermé les portes de sa jolie boutique établie sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Mais pour la designer de mode qui aime prendre son temps, cette décision marque moins la fin d’une époque, comme le début d’un nouveau chapitre. Retour sur le parcours exceptionnel de Mylène Bélair
1. Qui es-tu?
Je suis designer et mère de trois enfants.
2. Quel est ton emploi et ton titre actuel?
Au sein de ma propre entreprise, MYLENEB, je suis designer de vêtements, patronniste, échantillonneuse, couturière, comptable… En fait, je fais tout moi-même, du dessin à la confection, en passant par le montage du site web.
3. Comment t’es-tu rendue là où tu es aujourd’hui?
Quand j’étais petite, j’aimais beaucoup dessiner, et grâce à la femme de mon père, j’ai appris à coudre. C’est là que j’ai su ce que je voulais faire dans la vie. Après le secondaire, j’ai suivi mon cours en design de mode. Je savais qu’avant de créer ma propre maison de couture, je devais prendre de l’expérience en occupant les différents métiers (confection, patron, dessin, gestion).
Un jour, je me suis tannée de travailler pour des compagnies qui produisaient des vêtements comme n’importe quel autre produit de consommation. J’étais loin de ce qui m’avait attiré au départ dans le milieu : la création de nouvelles pièces, le choix et la qualité des matières, la recherche de la tombée presque parfaite… Tout au long de mes études et pendant que je travaillais en industrie, j’avais accepté en parallèle des contrats sur mesure, ce qui m’a aidé à faire le move de lancer ma première collection de prêt-à-porter, en 2002.
4. Quel mot te décrit le mieux, et pourquoi?
Solitaire. Parce que j’ai vraiment besoin de passer des moments dans ma bulle. C’est pourquoi j’apprécie autant le fait de travailler seule à l’atelier.
5. Si tu avais la chance de rencontrer la Mylène de 20 ans et de lui donner un conseil, lequel serait-il?
Je l’encouragerais à étudier à l’étranger, pour aller chercher encore plus de connaissances et de savoir-faire dans son domaine. En même temps… Je ne vis pas dans le regret. Je suis fière de mon parcours.
6. Quelle est ta définition de l’ambition?
Je ne pense pas avoir de l’ambition, plutôt de la détermination. En fait, j’en suis à peine consciente. Je dois vraiment faire ce que j’aime! Certains jours, quand j’arrivais à ma boutique sur Saint-Laurent, je me disais : « Wow, comment suis-je arrivée à faire tout ça? » Et à dire vrai, probablement que si j’avais de l’ambition, ma compagnie irait sûrement mieux…
7. Quel est ton plus récent engouement artistique, et pourquoi?
Ce n’est pas récent, mais depuis près d’un an, j’écoute l’album Ghosteen de Nick Cave and the Bad Seeds sans arrêt. Et je dois l’écouter du début à la fin, dans l’ordre.
8. Difficile de faire abstraction du contexte particulier dans lequel a lieu cette entrevue… Qu’est-ce la pandémie a changé pour toi?
Elle m’a donné le coup de pied au derrière dont j’avais besoin pour prendre de grandes décisions par rapport à ma compagnie et à reconsidérer ce que je fais. J’ai fermé ma boutique – que j’ai tenu principalement toute seule pendant 16 ans – pour prendre un atelier et me consacrer à la vente en ligne, du moins le temps que les choses se placent. Cette décision m’a libéré d’un stress immense. Je suis beaucoup plus libre de mon temps et donc plus disponible pour ma famille. Comme un ami l’a si bien dit, je suis passée d’une situation où j’étais réactive à une situation où j’étais active. C’est grisant comme sensation. La COVID m’a donné le recul dont j’avais besoin pour aller de l’avant. Tout d’un coup, c’est comme s’il y avait plein de choses qui étaient possibles pour moi, autant d’un point de vue créatif que sur le plan des affaires.
9. As-tu un mantra, et si oui, lequel?
Je me répète souvent : « Lentement, mais sûrement. »
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