DOMINIQUE FONTAINE:
Pour l'amour de l'art
Par Mélanie Roy
Photo par Joannie Lafrenière
Commissaire indépendante et fondatrice d’aPOSteRIORI, un organisme à but non lucratif qui s’intéresse à tous les volets de la curation en art (soit la conception et l’organisation d’exposition), Dominique Fontaine n’a pas eu à choisir sa vocation, c’est sa vocation qui l’a choisie. Portrait d’une passionnée qui veut faire bouger son milieu.
1. Qui es-tu (en quelques mots)?
Je suis Dominique Fontaine, Montréalaise d’origine haïtienne.
2. Quel est ton emploi et ton titre actuel?
Commissaire d’expositions et consultante principale de programme.
3. Comment t’es-tu rendue là où tu es aujourd’hui?
Très tôt, je rêvais de devenir directrice artistique d’un lieu dédié à toutes les disciplines : arts visuels et arts de la scène. Ce rêve d’enfance m’a amené à étudier en arts – danse, théâtre et arts visuels – puis en administration des arts et en commissariat d’expositions. J’ai toujours fréquenté des écoles à vocation artistique, au primaire comme au secondaire. Mes diplômes universitaires sont en arts visuels, en arts visuels et design, en administration des arts. Par la suite, j’ai obtenu un diplôme d’études supérieures spécialisées en commissariat ou organisation d’expositions en art contemporain.
4. Quel mot te décrit le mieux, et pourquoi?
Curieuse, car ma soif de connaissance est insatiable.
5. Si tu avais la chance de rencontrer la Dominique de 20 ans et de lui donner un conseil,
lequel serait-ce?
Je lui dirais d’être plus stratégique dans ses choix, tant sur le plan de sa carrière que de ses investissements!
6. Quelle est ta définition de l’ambition?
Pour moi, d’avoir des objectifs clairs et de les accomplir.
7. Quel est ton plus récent engouement artistique, et pourquoi?
La série Small Axe de l’artiste et réalisateur Steve McQueen, une œuvre cinématographique puissante et importante. C’est l’histoire des communautés caribéennes à Londres. Cette histoire a tellement de similitudes avec celle des communautés noires au Canada! Aussi, le documentaire Summer of Soul du musicien Ahmir « Questlove » Thompson, en salle maintenant [juillet 2021]. Ce documentaire sur un festival qui s’est tenu en 1969 à Harlem m’a revigoré.
8. Difficile de faire abstraction du contexte particulier dans lequel a lieu cette entrevue… Qu’est-ce que la pandémie a changé pour toi?
La pandémie a changé une grande partie de mon mode de vie. Ma vie sociale a pris un coup dur : les concerts, les spectacles et les sorties au resto m’ont beaucoup manqué. J’aime les foules et ne pas avoir pris de bain de foule depuis 15 mois était devenu intenable. Aussi, j’ai compris ma chance d’avoir des ressources spirituelles, affectives et matérielles qui m’ont permis de traverser cette longue période d’isolement.
9. As-tu une devise, et si oui, laquelle?
Vivre et laisser vivre! Et « Mangia bene, ridi spesso, ama molto » : mangez bien, riez souvent, aimez beaucoup!
10. Y a-t-il eu un « déclic » qui t’a donné envie de te consacrer à l’art et à l’histoire de l’art?
L’art m’a choisi. Je n’ai pas eu à choisir.
11. De quelle réalisation es-tu la plus fière?
D’avoir été lauréate 2021 du Mois de l’histoire des Noirs de Montréal.
12. Tu es la co-instigatrice du Black Curators Forum, dont on peut lire le manifeste en ligne. De quel besoin est né ce regroupement et quel est son rôle au sein du paysage artistique canadien?
Le Black Curators Forum est né d’un besoin de plus grande diversité dans le milieu artistique, notamment dans les institutions muséales, et de reconnaissance, et ce, dans tous les corps de métier : commissaires, artistes et travailleurs culturels issus des communautés afrodescendantes, moins représentés dans des postes de direction ou de décision. Le BCF est aussi un lieu d’échange de connaissances et de réseautage entre commissaires de différentes générations. Il vise également le démantèlement et l’élimination du racisme anti-noir et toutes les formes de discriminations systématiques dans les institutions artistiques et culturelles canadiennes.
Pour suivre Dominique sur les réseaux sociaux :
-